Gay Erotic Stories

MenOnTheNet.com

Un de ces garçons de la plage, Part 1

by Paul Moran


June 5, 2002

L'argent est facile avec les touristes blancs - mais qui gagne, qui perd ?

Un de ces garçons de la plage Première Partie

En tant que pays, la Gambie a une curieuse configuration. Elle s'étend de la côte atlantique sur les deux rives du Fleuve du même nom sur 470 km vers l'intérieur du continent ; la largeur est de 24 km à l'endroit le plus étroit, la ligne côtière atteint 80 km.

Avec ses 11.400 km², le pays a la surface approximative de la Jamaïque et il comptait, en cette année de 1978, tout juste 490.000 habitants. Le pays, le plus petit de l'Afrique, est donc peu connu à l'extérieur. Il est entouré de toute part par le Sénégal, et quand les Sénégalais veulent se rendre au sud de leur pays, ils doivent traverser cette enclave étrangère.

La langue officielle de la Gambie, ancienne colonie de la couronne britannique, est l'anglais, alors que le Sénégal parle français ; mais comme les deux pays sont habités par les mêmes peuples Malinké, Wolof et Peulh, la langue commune à tous est le Wolof.

La Gambie est un petit pays - le discours officiel commence toujours ainsi - et fait partie des pays les plus pauvres de la planète, bien qu'il existe évidemment des activités économiques. Comme un petit pays n'a pas besoin d'un lourd appareil administratif et d'un gros budget défense nationale, les taxes douanières sont relativement basses et alimentent une contrebande assez virulente en direction du Sénégal. D'autre part, la tradition britannique des formalités réduites à la simplicité et l'efficacité, faisait que les investissements étrangers et l'acquisition de terrains ou les baux rencontraient peu de freins bureaucratiques. Le développement de l'infrastructure touristique par des entreprises étrangères en profitait, et le nombre des visiteurs étrangers en provenance des pays scandinaves et de l'Allemagne ne cessait d'augmenter ; il faut voir le phénomène à l'échelle du pays où 100.000 touristes représentent un chiffre énorme, mais qui ferait rire les Parisiens (70 millions). Les meilleures relations publiques venaient cependant de l'accueil souriant d'une population paisible. "Peace and sunshine" disait le slogan officiel. Les touristes revenaient et faisaient la propagande verbale chez eux. Il faut dire, qu'un séjour en Gambie était aussi peu mondain que les touristes eux-mêmes.

C'est dans ce contexte qu'un groupe européen envisageait la création d'une ligne de fret aérien pour les primeurs et le poisson frais. Notre société eut le contrat pour l'étude d'investissement. Depuis la création du marché de vivres de Rungis, le poisson de l'Atlantique, les crevettes, les seiches et les calamars avaient gagné des parts grandissantes sur les marchés de l'Allemagne et même des pays du Bénélux. Malgré tout, la petite Gambie avait une zone exclusive de pêche de 200 milles nautiques.

Je passais les matinées à Banjul, la capitale, pour faire mes enquêtes et interviews dans les ministères, les banques et les entreprises privées. Comme dans de nombreux pays africains, les bureaux ouvraient de très bonne heure et fermaient assez tôt, en raison de la chaleur des après-midi qui entravait le rendement du travail. Je m'étais logé dans un hôtel de la plage de Fajara, à 20 km de Banjul, au-delà du Cap St. Mary, et je profitais d'une sorte de vacances payées sur la plage, avec des bains de soleil et dans l'eau qui n'était pas dangereuse à cet endroit.

Et c'est ainsi que tout a commencé. Je m'étais allongé sur le sable ; j'allais régulièrement patauger dans l'eau et je surveillais avec impatience les effets du soleil au zénith sur ma poitrine et mes épaules qui avaient encore la couleur peu appétissante du fromage.

La plage était peu animée à cette heure-ci ; les touristes digéraient dans une lourde sieste l'opulent buffet aux trésors de la mer, et les deux gardiens postés aux limites opposées de la plage de l'hôtel empêchaient les marchands de pacotilles de harceler les touristes blancs sur la plage.

Un seul jeune homme se baladait à la lisière des vagues qui mouraient sur ses pieds nus, là où le sable est dur et permet de marcher avec aise. Il allait vers la limite de la plage de l'hôtel sur la gauche, revenait au bout d'un temps vers la limite opposée, et faisait ainsi plusieurs va-et-vient, la face constamment tournée vers le haut, vers l'hôtel et le baigneur solitaire que j'étais. Il commençait à éveiller mon attention, et en effet, après quelques passages de plus en plus hésitants, il traversait le sable pour se diriger vers moi. C'était un jeune Noir de taille moyenne, joli (mais jolis, ils le sont tous) et bien habillé d'un jeans repassé et d'un t-shirt blanc. Je le reconnus immédiatement : c'était un beachboy, un de ces garçons de la plage.

Il s'arrêta à une distance de dix mètres et s'écria à haute voix :

"Hej ! Hur mår du ? Är du turist ? Tycker du om Gambia ?"

Je le regardais avec de gros yeux sans dire un mot. Il n'abandonnait pas pour autant et criait, avec un accent différent :

"God dag ! Hvordan går det ? Er du turist ? Må jeg sætte mig her ?"

Je lui faisais de nouveau de gros yeux : "Try it in English, essaie une fois en anglais."

Il éclata de rire : "Oh, excuse me, Sir, comme je suis bête. Tout le monde parle bien sûr notre langue nationale. Je disais, permettez-vous que je m'assoie ici ?"

"Écoute, c'est ton pays, c'est une plage publique, et je suis un étranger."

"Bien sûr, vous êtes un étranger, mais vous êtes notre invité."

Ils me font rire, ces petits gars qui ont toujours la bonne réplique pour attirer le touriste dans une conversation, qu'il veuille ou non. A Dakar par exemple, les vendeurs de babioles sont particulièrement coriaces, et quand l'Européen en a marre et ne répond plus, il s'entend dire : "Ah, tu ne veux pas me parler ? Tu es raciste ?" Personne, je dis bien personne, ne peut résister, et vous voilà en pleine négociation de ses babioles. Je suis le seul à connaître le secret pour s'en tirer : je dis sur un ton de jubilation sadique : "Ah oui ! absolument !" Le gars tourne aussitôt sur ses talons, écœuré par une telle basse mentalité. Au Maroc, ils sont plus gentils. Quand ils croient avoir affaire à un Hollandais ou un Flamand : "Niet kopen, slechts kijken !" (Pas acheter, seulement regarder)

Ce garçon par contre était courtois et point vilain, je n'avais donc aucune raison de le rebuter ou de l'humilier. Il ne portait rien à vendre sur ses bras, j'étais donc curieux de savoir où il voulait en venir.

"Eh bien, l'invité invite le maître du pays à s'asseoir là où bon lui semble."

Le garçon s'assit à ma gauche sur le sable, le soleil faisait briller sa face, ses yeux, ses dents. Hasard ou intention, il s'était assis à quatre ou cinq mètres de moi, légèrement en retrait, assez près pour que nos voix couvrent le bruit du ressac mais aussi à la distance discrète d'un homme dans un maillot de bain qui pouvait trahir ses pensées inavouées.

J'appréciais sa discrétion, parce que les Européens se sentent à partir d'un certain âge facilement mal à l'aise en présence des corps parfaits des éphèbes d'Afrique ou du Sud-est asiatique, pour employer le terme désuet mais si évocateur.

Il est des pays africains où l'on rencontre rarement des Blancs sur la plage et où les gamins du village le plus proche s'assoient jusqu'au pied des baigneurs pour reluquer ces animaux exotiques ; des fois ils demandent timidement l'autorisation de toucher ces curieux cheveux raides, mais leur proximité toute innocente peut quand même mettre un adulte dans l'embarras, même s'il n'a pas la moindre veine pédophile.

Les garçons plus âgés ou instruits par contre respectent instinctivement l'intimité des autres. Je me suis rendu une fois avec un de mes élèves dans son village en Guinée Espagnole de l'époque. Avant de passer à table, je demandais si je pouvais me laver des pieds à la tête car nous nous étions embourbés à plusieurs reprises sur la piste dans la forêt. Agostino me faisait passer par le jardin potager derrière la concession jusqu'à une petite mare et s'asseyait par terre. Je rentrais dans l'eau jusqu'aux genoux pour mes ablutions, en lui tournant le dos. Quand j'enlevais mon slip pour la toilette intégrale, il baissa la mèche de sa lampe jusqu'à la limite de l'extinction. Je n'oublierai jamais ce geste inconscient. La décence est innée dans les sociétés qui vivent dans la promiscuité.

Revenons à Fajara. Le maître du pays glissait sur son derrière vers moi et me tendait la main : "Hello, Sir, je suis Stephen." Je lui serrais la main, et il retournait à sa place, toujours sur son séant.

"Dis-moi, Stephen, c'était quoi quand tu m'as abordé tout à l'heure ?"

"C'était du Suédois, et quand vous n'avez pas réagi, j'ai pensé que vous êtes peut-être un Danois ou un Hollandais, et j'ai essayé en Danois. Tous les touristes ici à Fajara viennent soit de Suède soit du Danemark, certains aussi de Hollande ou d'Allemagne. L'hôtel appartient à une société suédoise. Nous savons donc qui sont les gens qui se couchent sur la plage en plein soleil. Je vous ai donc souhaité la bienvenue puisque vous êtes nouveau ici."

Je me suis levé. "Je vais dans l'eau. Tu m'accompagnes ?" J'aurais bien voulu voir davantage de sa charmante personne.

"No Sir, nous laissons cette plage à nos invités. Nous les garçons, nous avons notre propre plage là-bas de l'autre côté du Cap, nous y nageons, nous jouons au foot ou nous nous entraînons à la lutte traditionnelle, vous avez entendu parler de la célèbre lutte gambienne. La plupart parmi nous n'ont pas grand-chose d'autre à faire."

Quand je revenais, je me séchais et je reprenais haleine sur ma serviette de bain. Le garçon était toujours là et souriait vers l'horizon. Au bout d'un moment, il recommençait : "Vous êtes Américain ?"

Je le regardais, un peu ahuri et légèrement agacé car je me voyais comme le candidat finaliste du jeu des mille francs. Je haussais les sourcils.

"Eh bien, vous parlez comme les Américains, pour être précis, comme les Américains blancs."

"Non, je ne suis pas Américain. Dans mes jeunes années, j'avais beaucoup affaire à eux, j'ai travaillé un an comme dactylo indigène dans leur armée."

"Excusez-moi, Sir, d'où venez-vous alors ? Ce n'est qu'une information. Quand je saurai d'où vous venez, je ne vous dérangerai plus avec des questions sur votre vie privée."

"Eh bien, je suis originaire d'Allemagne, je vis en Hollande, et ma langue est le français. Je suis venu ici en mission pour une recherche scientifique. Ça te suffit ?"

"Cela me fait plaisir d'entendre cela. J'ai un bon ami en Allemagne, à Hambourg, vous savez, la ville où ils hachent la viande qu'ils envoient ensuite en Amérique. Mais excusez-moi encore - France, Hollande, Allemagne, tout cela a l'air très compliqué."

"Quand j'étais à l'université, mon ami Jean-Louis avait l'habitude de dire 'Paul Œuf, tu es une pute internationale.'" Je ne me sentais pas obligé d'expliquer à un va-nu-pieds anglophone le jeu de mots de Jean-Louis : mon deuxième prénom, abrégé à la mode américaine, étant F. - Paul F. - cette langue de vipère de Jean-Louis en avait fait 'Paul Œuf', œuf comme egg, donc egg-head. Mon arrière-pensée était cependant d'amener la conversation au bord du précipice.

Stephen réagit aussitôt : "Ah oui, je comprends, vous êtes une sorte de compagnie multinationale." Quant au mot pute, il ne l'avait pas entendu. On va essayer de nouveau.

"Où est-ce qu'on s'amuse ici ?"

En Europe, c'est l'appât courant, suivi automatiquement de la contre-question : "Qu'est ce que vous avez comme idée en tête, théâtre, cinéma, boites de nuit ?"

"Oui, mais plutôt un peu d'amusement."

"Je comprends, vous voulez dire, des filles ?"

"Oui, c'est ça, mais pas exclusivement. Est-ce qu'il y aurait encore autre chose ?"

"Ne vous fâchez pas si je vous ai mal compris, vous ne vouliez quand même pas parler de garçons ?"

"Non, cela m'est complètement étranger, mais des fois je pourrais être un peu curieux, par pure curiosité."

"Eh bien, les garçons ne manquent pas ici, et des fois, je suis moi-même un garçon..." L'affaire est dans le sac.

Stephen partait quand même dans la bonne direction : "En dehors des hôtels, il n'y a pas grand-chose à Fajara ou à Bakau. Mais si vous voulez vous amuser, je peux vous arranger avec une fille, très propre et sérieuse."

"Non, à vrai dire, je ne m'intéresse pas tellement aux filles ..." Allez, viens, viens, viens !

"Ah oui, je comprends, je vois l'alliance que vous portez là à votre main." Ah non, quelle cruauté, il m'assène encore une douche froide ! Et en toute décence. Il faut que j'essaie autrement.

Stephen me donnait quand même une autre chance : "Voyez-vous le bâtiment vert là-haut sur le cap ? C'est Alligator Bar, une boite de nuit, il est vrai, une boite africaine. Si vous permettez, je vous accompagnerai ce soir après le souper. Je vous attendrai à partir de 9 heures là-haut sous le calao qui marque la limite de la plage de l'hôtel. Je vous ramènerai aussi à l'hôtel, car la plage est quand même dangereuse pour un Européen qui marche seul. Et maintenant, vous permettrez que je rentre à la maison. A tout à l'heure, Mr. Paul Œuf, si j'ai bien compris."

J'éclatais de rire : "Mon nom c'est Paul, ni Mister ni œuf."

Tout comme nous avions convenu, je le trouvais assis sur le sable à l'endroit indiqué. Il portait un blouson en tissu synthétique argenté sur sa poitrine nue. Nous passions par la plage nocturne vers cet Alligator Bar qui se trouvait à l'autre bout de la baie de Fajara.

Une boite de nuit africaine pour clients locaux est tout simplement un bar spacieux et chichement éclairé. Le sol est souvent en ciment rouge entretenu au pétrole lampant, si bien que l'odeur indique déjà qu'on danse ici.

La musique vient d'un lecteur de cassettes relié aux haut-parleurs les plus gros qui soient sur le marché. Les années soixante étaient dominées par la musique ensoleillée du Congo avec Rochereau et Docteur Nico qui chantaient en Lingala, les années septante par James Brown et le "High Life" du Nigeria, en Pidgin, avec Sunny Adé, Prince Nico Mbarga et Chief Commander Ebenezer Obey, et les années quatre-vingt par la merveille de Dakar, Youssou Ndour des meilleures années quand il chantait encore en Wolof seulement.

Les Africains ont de bonnes raisons pour aimer la lumière froide des tubes néon en blanc bleuâtre ou en vert cru qui donne à l'Européen l'apparence d'un poisson mort, mais qui dessine des effets saisissants semblables aux bitmaps sur-contrastés sur les peaux sombres. Des tubes spéciaux en violet noirâtre font briller les chemises blanches et les dents des garçons qui dansent dans une obscurité quasi totale.

La bande complète de nos amis suédois était là aussi, ils ingurgitaient les quantités de boisson qu'ils ont l'habitude de s'offrir quand ils sont loin de leur vertueuse patrie, et les manifestations de leur joie de vivre commençaient à couvrir les hurlements des haut-parleurs.

Je m'asseyais avec Stephen dans un coin opposé au leur puisque je voulais toujours faire rentrer mon charmant guide dans mes desseins inavouables. Son ouverture d'esprit et ses bonnes manières commençaient à opérer leur charme sur moi, et je ne pouvais me défendre contre l'envie de tirer sur ses sous-vêtements pour le connaître plus intimément.

Or, Stephen était si loin de tout cela, si pur, si innocent, que son enthousiasme l'emportait dans une toute autre direction :

"Nous savons bien que la Gambie est un tout petit pays, mais nous disposons de nombreux trésors touristiques. Les batiks teintés par nos mères sont connus dans le monde entier, et je suis sûr que vous aussi vous achèterez une belle robe pour votre dame. Pour ce qui est de notre artisanat d'art, les Suédois n'arrêtent d'en acheter que lorsque le poids de leurs valises approche les 22 kilos. Nous avons des marchés tellement colorés, et les gens se laissent volontiers photographier, même s'ils ne comprennent pas cette manie des Blancs de photographier des gens qu'ils ne connaissent même pas. Nous avons les bâtiments historiques de l'époque coloniale autour de Marina Parade, et les cercles préhistoriques de menhirs en amont du Fleuve. Et beaucoup d'autres choses." Il prenait son souffle et continuait :

"On peut prendre part à des excursions sur le Fleuve, en général avec les touristes américains, des Noirs comme nous. Ils ne parlent pas un Anglais correct comme nous, plutôt un dialecte bizarre. Il faut savoir que la Gambie était la première colonie de la Couronne en Afrique et que nous étions britanniques depuis dix-sept-cent... aidez-moi, dix-sept-cent..., dix-sept-cent soixante cinq, c'est ça !

Les ancêtres de ces Américains ont été kidnappés dans ce pays par les Blancs qui les ont déportés en Amérique pour les vendre là sur le marché comme des bêtes de travail.

L'un d'eux a écrit un gros livre sur les racines de sa famille en Gambie, et il a trouvé la trace du grand-père de son grand-père à Juffure, à 30 kilomètres en amont. Maintenant tous ses frères veulent visiter le village, ils regardent le visage des gens et demandent poliment qu'on leur montre les vieilles photos de famille. Il y a pas mal de Malinké parmi eux, mais ils sont tous très riches, leurs voitures sont toutes plus grandes que la voiture officielle de Sir Dawda, notre Président ; il y a même des généraux noirs qui commandent des officiers blancs, vrai de Dieu ! Leurs femmes portent des chapeaux de carnaval et des lunettes avec des diamants et des plumes d'oiseau, certaines même des culottes qui me font détourner la tête. Ils ont l'air bizarre, mais ils sont très respectueux envers nos gens, pas comme les Blancs qui ne nous voient des fois même pas.

La prochaine excursion de la River Travel Agency aura lieu dimanche prochain vers midi. Deux personnes, est-ce que ce serait peut-être trop cher pour vous, ou non ?"

"Pourquoi, il n'y a pas de guide qui explique tout ?"

"Si, il y en a toujours un, mais il dit seulement ce que les gens voient eux-mêmes. Quand on croise par exemple une pirogue de pêcheur, il dit, c'est une pirogue de pêcheur, mais il n'explique pas à quelle heure l'homme est parti au large avant l'aube, ce qu'il a péché et ainsi de suite. Et puis, ces guides se moquent de nos gens pour faire rire les Blancs. Je connais les Blancs mieux que les agents du Ministère : les vieux ne s'intéressent qu'à l'ombre et aux boissons glacées alors que les jeunes veulent souvent comprendre les choses derrière les choses. Moi, je suis un vrai guide."

"Tu as donc un diplôme ?"

"J'ai beaucoup mieux qu'un diplôme. J'aime mon pays et je connais les choses derrière les choses."

"Et qu'est-ce qu'il y a derrière toi ?" Vraiment, je devrais avoir honte.

Il réfléchissait un court instant. "Derrière moi, c'est toujours moi." Une autre remise en place par l'innocence personnifiée. Je n'allais quand même pas abandonner tant que je restais ici ou jusqu'au jour où le fruit mûr tomberait de lui-même.

Le chemin du retour par la plage nocturne vers les lumières de l'hôtel devait me permettre une ultime tentative : "Ces Suédois ou Danois font beaucoup de bruit."

"Ils le font toujours quand ils ont bu."

"Est-ce que tu les accompagnes des fois ?"

"Non, pas quand ils sont en bande car ils parlent de choses ou ils font des plaisanteries que je ne comprends pas ; mon suédois est très limité. J'y étais deux fois, une fois avec une dame suédoise et une autre fois avec une Hollandaise. Mais je ne suis pas à ma place dans un groupe."

"Est-ce que tu as vu les deux garçons blonds qui étaient assis à l'écart des autres ? Un moment donné, l'un d'eux a embrassé son ami."

"Oui, je les ai vus, mais je n'ai pas vu qu'ils se sont embrassés. Pourquoi l'auraient-ils fait d'ailleurs ?"

"Parce qu'ils s'aiment. Est-ce que tu n'as jamais aimé un homme ?"

Il s'arrêta, et tant que je pouvais voir dans cette nuit sans lune, sa figure et sa bouche ouverte exprimaient une violente indignation :

"Voulez-vous dire par là qu'ils font des choses ensemble, ceux-là ?"

"Oui, ils font certainement l'amour l'un avec l'autre, et ça n'a rien d'extraordinaire."

"C'est dégueulasse, ce que vous dites là. Et puis, ce n'est même pas possible. Je n'arriverais pas à m'imaginer comment ils pourraient faire, et je ne veux surtout pas en entendre parler. C'est une chose qui n'existe pas dans notre pays, je n'en ai jamais entendu parler. La seule chose que je sais, c'est qu'à Dakar il y a certains Français et Libanais qui donnent de l'argent aux grands garçons pour jouer avec eux. Mais non, vraiment, cela me fait dégueuler."

O sancta Innocentia ! Il fallait arrêter de pousser dans ce sens, et puis nous étions déjà près de l'entrée de l'hôtel sur la plage où le gardien de nuit m'attendait. Il portait l'uniforme tropical de la police britannique avec les larges shorts khaki qui descendaient aux genoux, avec de gros boutons argentés et une casquette noire sans emblème. Sur l'épaule, il portait le bâton des bergers peulh avec un gros bout, une arme légère mais très dangereuse. Stephen disparaissait en toute hâte dans la nuit.

Je demandai au gardien :

"Noï on inde ma ? Quel est ton nom ?"

"Diallo, Massa."

"Ah Diallo, jam na ?"

"Jam kodume, Massa. A nani Pular, booddum !" Je me porte très bien. Tu parles Fulfulde, c'est bien.

"Ah, gido-am, a woowri sukka-do ?" Dis-moi, mon ami, est-ce que tu connais ce jeune homme ?"

Diallo répondait en Fulfulde, certainement pour reconnaître mes efforts maladroits dans cette belle langue internationale :

"Oui, Massa, me dit-il, je le connais bien depuis longtemps. C'est un bon petit, il ne te volera pas et il ne t'attirera pas d'ennuis. Des fois, les filles blanches l'invitent au bar, dans l'après-midi. Mais la nuit, il ne pourra jamais entrer ici." Il brandissait sa massue. Mon nouvel ami eut un bon pourboire qui lui écarquilla les yeux quand il le palpait dans le creux de sa main. Je rentrais vers mon bungalow.

Le dimanche matin, nous partions au port fluvial de Banjul pour monter dans l'embarcation qui devait nous conduire en amont vers Juffure et James Island. Au cours du voyage, Stephen racontait beaucoup de choses et, comme il me l'avait promis, des tas de choses intéressantes derrière les choses. Il expliquait aussi qu'autrefois, quand les Britanniques organisaient l'instruction publique et que les examens importants comme le GCE étaient attribués à Londres et à Oxford, les enfants des colonies comme le Sierra Leone et le Nigeria étaient obligés d'apprendre d'abord leur propre histoire. Il était question des empires du Gana et du Mali ; dans mon for intérieur j'ajoutais, pas des ancêtres gaulois.

Sur la rive droite, près de l'eau, surgissait Fort Albreda, un poste de commerce français du XVIIIe ou XIXe siècle. Stephen expliquait que le bâtiment était inhabité depuis longtemps et menacé de ruine. Des Français passaient quelquefois et ils se proposaient de chercher des fonds pour sauver ce monument. Et il continuait à jacasser, il valait vraiment la bonne rémunération que j'avais prévue pour lui à notre retour.

Nous croisions le "MS Lady Wright", un gros bateau qui assurait le transport des passagers vers l'amont du Fleuve. Les remous du sillage me projetèrent sur le monsieur assis à ma gauche sur la banquette. "Excuse me Sir !". Je regrettais aussitôt mes paroles car le monsieur, un Malinké ou un Sérer d'un certain âge, portait la tenue habituelle des hommes d'affaires et des fonctionnaires sénégalais, une saharienne en Tergal gris à manches courtes et à col ouvert, avec le pantalon du même tissu. Les tailleurs locaux cousaient ces tenues en une nuit pour environ 60 francs français. Je me repris donc : "Excusez-moi, Monsieur, un mouvement du bateau."

Le Monsieur eut un aimable sourire : "Oh don't mind, glad to meet another American. Ne vous en faites pas ; enchanté de rencontrer un autre Américain." Il n'avait pas fait attention à mon habillement qui venait des mêmes tailleurs que le sien, mais à mon léger accent américain."Thank you Sir, mais si vous écoutez un peu mieux, vous entendrez mon accent germanique sous mon Anglais. Vous savez, la libération de notre peuple, l'occupation, La Voix d'Amérique, AFN, les Maisons d'Amérique. Cela nous a marqués."

"Vous aussi, vous voulez visiter Juffure ?"

"Bien sûr, mais j'aurais voulu descendre aussi à Fort Albreda, et je suis impatient de mettre mes pieds sur James Island, où les gens d'un prince allemand, le Duc Jacob de Courlande, avaient construit en 1654 un poste fortifié de traite qui servait aussi d'agence d'achat d'esclaves. Vous voyez, pour un Allemand, c'est un souvenir à la fois exaltant et honteux."

"Mes origines exaltantes et douloureuses doivent avoir leurs racines dans cette région, peut-être même à Juffure. Cela m'amuse chaque fois quand les gens me saluent ici dans la rue. Est-ce que vous vous imaginez que je suis originaire de Detroit ?" Il eut un rire tonitruant. Stephen regardait d'un air étonné et le saluait modestement, mais les deux n'échangeaient pas un mot durant tout le voyage. Je partageais désormais mon attention entre le Malinké de Bakau à ma droite et l'autre Malinké de Detroit.

Le programme de l'excursion suivait son cours, et il était touchant de voir comment les villageois de Juffure serraient les mains des visiteurs américains. Certains, des deux côtés, avaient les yeux humides. Au bout de quelques heures, le capitaine et guide avait les plus grandes difficultés pour séparer les frères retrouvés afin de compléter son programme avant le crépuscule.

J'eus droit à mes propres émotions sur James Island, sur les ruines du Fort Jacob, en compagnie de mes deux amis Malinké. Stephen complétait mes connaissances acquises dans les livres par d'autres sur la vie actuelle de la petite île. Il disait aussi que l'île avait été la première capitale de la colonie et la base navale de la lutte contre les négriers quand ce honteux commerce avait été interdit par la Loi en 1806. Ils apprenaient de bonnes choses dans leurs écoles.

J'avais étudié aux Archives nationales les cartes anciennes ; l'île avait été considérablement plus grande autrefois et on pouvait prévoir le jour où l'action inlassable des vagues aurait englouti à jamais la petite île et les vestiges du passé.

Le port de Banjul était déjà en vue, quand le monsieur de Detroit se pencha vers mon oreille et me dit avec un sourire équivoque : "Vous avez là avec vous un compagnon exceptionnellement charmant. Est-ce vous qui l'avez attrapé sur la plage, ou est-ce lui qui vous a attrapé ? Je suis logé au Banjul Atlantic et je n'ai pas eu la même chance que vous."

"Sir, qu'est que vous vous permettez d'insinuer ?" J'étais bien dans le rôle de la vertu outragée.

"Allez, du calme, puisque nous sommes de la même faculté... Il se trouve que le langage corporel le mieux contrôlé permet quand même de reconnaître ses semblables, ou non ?"

"Votre langage par contre est sans faille. Eh bien, vous m'embarrassez, mais le moteur du bateau couvrira nos voix. Or, ce que vous avancez là pourrait, peut-être dis-je, être juste." Je souriais, heureux comme toujours quand je peux quitter pour quelques instants ma cachette hermétiquement verrouillée pour respirer de l'air frais.

"Toutefois, vous ne seriez pas très heureux avec cet énergumène, c'est un stino, "stinking normal", un hétéro enragé. J'essaie de le draguer depuis mon arrivée, d'abord il n'a pas compris et finalement il a piqué une crise lors de ma dernière attaque contre sa vertu. En ce qui concerne la plage, vous avez vu juste, c'est un beachboy qui cherche l'argent. Mais il n'y a absolument rien à faire avec çui-là."

"Je ne suis pas de cet avis. Je l'observe de près depuis qu'il est monté à bord, et je suis absolument sûr qu'il a de l'expérience en la matière. Je dirais, abordez-le directement, calmement, ou attendez le bon moment pour lui lancer le lasso sur le cou et pour le jeter sur votre matelas. Un peu d'argent lui facilitera son accord, vous savez bien que tous ces petits mecs n'ont qu'une seule chose en tête, c'est de ramener un peu d'argent à la maison pour que leur maman puisse faire le marché le lendemain matin. Vous n'ignorez pas à quel point ils sont pauvres. Donc, ne vous découragez pas, et bonne chance !"

Encore son rire tonitruant, et Stephen regardait d'un air intrigué. Si le bon garçon avait pu suivre notre conversation, il se serait à n'en point douter jeté en panique dans le fleuve.

Les journées passaient. La première phase de mon contrat était achevée et il fallait discuter dès lors les conclusions provisoires avec le conseil d'administration et le service juridique de notre mandataire. J'avais revu ce Stephen encore plusieurs fois sur la plage et nous étions aussi retournés à l'Alligator Bar, mais l'intérêt que je lui avais porté s'était sensiblement refroidi ; j'avais abandonné l'idée de l'entraîner dans une bonne partie de jambes en l'air. En cas d'une véritable urgence sexuelle, je connaissais l'un ou l'autre endroit à Banjul où on trouvait un contact facile avec des garçons du genre "ready, willing and able", mais pour l'instant j'étais préoccupé par les conclusions de mon étude provisoire et par la collecte des documents. Le bronzage de ma peau avait fait aussi des progrès visibles.

J'étais déjà assis dans la navette de l'aéroport, au milieu d'une joyeuse troupe de Suédoises quand Diallo, le gardien apparut sur les marches du bus et me fit signe d'approcher : "Excuse me Ssa, y a quelqu'un il veut vous parler avant votre départ, il dit c'est important." Je le suivais, pour me retrouver nez à nez avec Stephen, complètement essoufflé.

"Sir, je suis tellement heureux que vous ne soyez pas encore parti. Puis-je voua demander une immen...se faveur ? Seriez-vous disposé à jeter cette lettre dans la boite dès votre arrivée en Allemagne ? C'est urgent, s'il vous plaît, Monsieur !"

"Pas de problème, demain matin elle sera dans la boite à lettres de l'aéroport." Je contrôlais machinalement l'enveloppe, une adresse quelconque à Hambourg, et en grosses lettres "Confidential".

"Mais qui est l'expéditeur, cet Abdullaye Sefing ?"

"C'est moi, mon nom officiel est Abdullaye, mais je préfère Stephen, même Maman m'appelle ainsi."

"C'est bon. Je t'avais dit que je serai obligé de revenir dans deux semaines environ, et à ce moment je pourrai te confirmer que la lettre sera arrivée à destination. A tantôt alors."

A l'arrivée dans mon hôtel garni à Francfort, je déballais mes bagages, et voici, parmi les documents dans la poche du sac, la fameuse lettre. Je l'avais tout simplement oubliée à l'arrivée, et je me proposais de la déposer ce soir à la réception. Un jour de plus n'y ferait sûrement rien.

Mais au bout d'un moment, je me mettais à réfléchir. Qu'y avait-il de si important, de si confidentiel que le garçon n'avait pas osé de poster la lettre lui-même à Bakau ou à Serrekunda ? Dans le temps, j'avais pu éviter une situation très dangereuse en allant au fond des choses, mais j'en suis resté traumatisé.

On sait que le Cameroun avait fait partie du Second Empire allemand jusqu'en 1919. Cinquante ans plus tard, on rencontrait toujours bon nombre d'anciens militaires, mécaniciens, agents des postes et des douanes qui parlaient un allemand courant et qui regrettaient toujours leurs anciens maîtres ; comme les premiers traités entre l'émissaire impérial et les chefs douala avaient été signés un 14 juillet, la France évitait longtemps de fêter ce jour à Douala.

L'un d'eux, un ancien maître d'école, m'avait confié, la veille de mon départ en congés, une lettre scellée en me demandant de la poster à mon arrivée en Allemagne. Je le promis bien volontiers.

Avant de partir à l'aéroport, je sortais la lettre qui était adressée au Chancelier Adenauer, le chef du Gouvernement fédéral, en personne. Je l'ouvris. C'était une diatribe enflammée contre les Français et contre le Président, El Hadj Ahmadou Ahidjo. L'auteur implorait le gouvernement allemand d'envoyer immédiatement des troupes et d'instaurer l'ancien régime colonial. Ce n'était pas tout à fait aberrant puisque l'époque allemande avait opéré de gros investissements dans l'infrastructure, l'urbanisme et les cultures d'exportation dont l'impact se fait sentir jusqu'aujourd'hui. D'autre part, les seuls profiteurs avaient été les quelques centaines d'auxiliaires des Allemands alors que la grande majorité de la population rurale n'en tirait rien que la réquisition aux grands travaux. La manie de la persécution par les Français était le drame personnel d'un déséquilibré qui n'avait pas su s'adapter au changement de régime, et des fois on sentait chez les "vieux Allemands" un léger délire masochiste quand ils qualifiaient les fonctionnaires impériaux dont la brutalité raciste est bien connue, de "sévères mais justes et impartiaux".

Je ne voulais pas donner aux secrétaires particuliers du Chancelier l'occasion de rire d'un nègre stupide. Mais surtout, je pensais aux contrôles serrés à l'aéroport, et en particulier au CEDOC du Commissaire principal Fochivé, l'omniprésente Sûreté de l'Etat que personne n'a jamais accusé d'intelligence. La découverte de cette lettre m'aurait valu les accusations d'espionnage et de haute trahison, mes deux Ambassades auraíent été éclaboussées, et sous la torture, je n'aurais pas hésité un instant de révéler l'identité de l'auteur de la lettre. Je la postais donc en petits morceaux dans la toilette, je l'expédiais en tirant la chasse, et je partais le cœur léger à l'aéroport.

J'en tremble encore, bien que le cas présent fut certainement bien moins criminel. Néanmoins, je n'ai aucun problème pour choisir entre la loyauté envers moi et celle envers les autres.

Dans la kitchenette de la chambre, ici à Francfort, il y avait une petite bouilloire pour chauffer l'eau du thé. La vapeur qui sortait du bec avait vite fait d'ouvrir l'enveloppe si confidentielle. Je commençais à lire, mais l'horreur me jeta en arrière sur le canapé. Je lisais :

"My dear love Heinz ! J'ai le plaisir de te faire savoir que je me porte bien et que tout le monde dans la maison est aussi en santé, alhamdulillah. L'oncle reste toujours couché à la maison avec sa jambe cassée et la fracture ne veut pas guérir, il ne peut pas travailler, et dans la cuisine, la situation commence à être dramatique. A part cette catastrophe, tout est OK ici, et Usman me demande de te saluer, et le gardien Diallo aussi. Et ma maman aussi et ma petite sœur Aïssatu à qui tu as donné la belle poupée.

Heinz mon chéri, je n'oublierai jamais les nuits que j'ai passées avec toi et je suis encore excité quand je pense à toutes ces choses que tu m'as montrées et comment tu m'as embrassé et comment tu as juré que je serais ton Baby pour toujours. Je te prie, mon chéri Heinz, envoie-moi s'il te plaît un billet d'avion pour Hambourg et l'argent pour faire le passeport, et je te servirai du matin jusqu'au matin, je serai ton houseboy et je ferai ton ménage, et la nuit je ferai tout pour que tu te sentes bien. Tu m'avais dit que je t'avais fait sentir bien comme personne ne t'avait fait avant. Et je veux apprendre encore d'autres choses pour te faire sentir bien et mieux encore.

Je pense à toi jour et nuit. J'ai rencontré ici un autre Allemand ou Français, je ne vois pas bien ce qu'il est, il est très gentil avec moi, et j'ai compris tout de suite qu'il veut faire l'amour avec moi. Il me donne aussi de l'argent, mais seulement pour l'accompagner au marché, à Alligeytor bar où nous avons passé de si belles heures, et à Juffure, et cet argent nous dépanne en ce moment dans notre misère. Il prendra l'avion dans quelques heures et va poster cette lettre en Allemagne, comme cela tu l'auras après-demain. Il reviendra bientôt à Banjul et va certainement essayer encore, mais je jure qu'il ne m'aura jamais, car tu es mon seul amour et cela je l'ai juré, wal'llahi. Je dois terminer ma lettre et je la scelle avec mille baisers. Ton Stephen qui ne cessera jamais de t'aimer."

C'était un coup dans le comptoir. Le monsieur de Detroit avait donc vu juste, mais personne n'aurait pu deviner un tel délire sentimental. Cela pourrait mettre la vie du garçon en danger. Pourrait.

D'autre part, je suis bien placé pour savoir que les Africains, et en particulier les adolescents, qui n'ont jamais vécu en Europe, ont un style exubérant et exagéré quand ils écrivent en français (ou comme ici, en anglais). Ce style n'a aucun rapport avec leur comportement équilibré et viril dans la vie réelle. J'avais été une fois à la chasse dans une brousse reculée du Gabon, et le Gendarme du coin m'avait invité à manger chez lui ; sa jeune femme était avec nous à table. Je lui avais laissé toutes mes cartouches de calibre 12, et quelques mois plus tard, je reçois la lettre conventionnelle de fin d'année qui se terminait par "Avec mes baisers les plus chauds, ton MDL Albert". Mon épouse qui mit la main dessus, me regardait d'un air troublé : "Qu'est-ce qui s'est passé entre vous deux ?" et je ne pouvais que répondre "Mais tu connais les lettres des Africains."

Dans la situation présente, je comprenais donc que Stephen avait eu une expérience homosexuelle assez profonde, et pourquoi il avait repoussé mes avances. "Cela n'existe pas dans notre pays, je n'en ai jamais entendu parler." Tu parles...

Je descendis à la réception pour faire une photocopie de la lettre que je cite ici. Puis je la refermais, la colle était encore active et l'idée de savourer la salive de Stephen m'excitait un peu. Je posais les deux volumes de l'annuaire de Francfort sur l'enveloppe, le lendemain matin elle était lisse et sans bulles. Je la jetai dans la boite.

Au cours des jours qui suivaient j'étais entièrement pris par les entretiens avec mes mandataires et d'autres recherches documentaires. Pour le week-end, j'ai accordé à ma famille le bonheur de ma présence. Quand il s'agissait de finaliser la deuxième phase du projet et de préparer la venue de mes clients à Banjul pour signer la convention avec les autorités compétentes, j'appelai British Caledonian pour réserver mon vol à Yundum. J'étais rudement heureux de retrouver Stephen que j'avais "in ze pocket" cette fois.

J'avais noté l'adresse de Hambourg, et comme toutes les 30 millions d'adresses téléphoniques de l'Allemagne ont trouvé place sur un seul CD de 20 grammes, je n'eus aucune difficulté à trouver le numéro. J'appelai le soir quand les gens sont à la maison et les informations de 20 heures, heure tabou en Allemagne, n'ont pas encore commencé.

Une voix très froide me répondait : "Oui, c'est ici. Qu'est ce que vous voulez ?"

"Vous ne me connaissez pas. Mon nom est Paul Moran, je suis consultant financier, et je travaille actuellement sur un projet en Gambie. J'étais déjà dans la navette pour l'aéroport, quand un homme est arrivé en courant et m'a demandé de poster une lettre urgente dès mon arrivée à Francfort. Question : est-ce que cette lettre, venant d'un certain Abdullaye.... quelque chose, est bien arrivée la semaine der-nière ?"

"Mais dites-moi enfin qui vous êtes et ce que vous voulez exactement de moi !"

"Je vous ai dit qui je suis et je vous ai demandé si cette lettre de Gambie postée à Francfort est bien arrivée, oui ou non. Mercredi qui vient je serai de retour à Banjul et une des premières personnes que je verrai sera certainement cet Abdullaye qui va me bombarder de questions s'il y déjà une réponse avant l'arrivée de votre lettre à lui."

"Je ne comprends toujours pas ce que vous attendez de moi et quelle idée vous avez derrière la tête."

"Je vous ai tout expliqué et je vous donnerai volontiers mon adresse complète et le numéro de la société d'ici pour laquelle je travaille en Gambie, on vous renseignera sur moi. Voyez-vous, je suis en ce moment sur un grand projet d'investissement, et j'en ai plein la tête. La lettre d'un gamin nègre est vraiment le dernier de mes soucis. Je perds certainement mon temps et mes unités téléphoniques ici, mais cet Abdullaye était si poli et avait une si bonne tenue que je ne voudrais pas le décevoir. S'il n'y a pas de réponse, je lui dirai qu'il n'y a pas de réponse. Vous permettez que je raccroche ?"

"Attendez un instant, cette foutue lettre est effectivement arrivée. Êtes-vous au courant du contenu, ou est-ce que le garçon vous l'a dictée ?"

"Soyons sérieux. La lettre était fermée quand je l'ai reçue, et vous devriez savoir distinguer l'écriture d'un collégien africain de celle d'un ingénieur européen. Et avec tout ce qui me pend au cou, je ne m'intéresse vraiment pas à l'épître d'un petit négro. Voyez-vous, cela fait vingt ans que je travaille en Afrique noire, je connais leur style exagéré et ce qu'ils demandent aux Européens, c'est toujours la même chanson - nous avons été de si bons amis, envoie moi de l'argent. Ni montant ni numéro de compte. C'est émouvant, et ridicule au plus haut point."

"Vraiment, c'est comme si vous aviez lu cette lettre ridicule dont vous me parliez, c'est toujours les mêmes conneries sentimentales. Dites-lui tout simplement, à ce garçon, que j'ai effectivement reçu sa lettre mais que j'ai de grosses difficultés en ce moment, que ma maison a brûlé jusqu'aux fondations par exemple. Je ne pourrai pas venir en Gambie cette année comme j'avais prévu (le monde est grand, entre nous). Je reviendrai peut-être dans quelques années. Je ne sais pas jusqu'où va votre connaissance avec lui, mais faites lui comprendre qu'il n'aura rien à tirer de moi et qu'il me fiche la paix. Toutefois, ne lui faites pas mal, car c'est quand même un bon petit diable."

"Si je le rencontre, je le lui ferai comprendre avec mille précautions. Nous comprenons bien tous les deux la situation, ces gamins sont persuadés que nous réussissons tout, que nous avons du pognon en pagaille et que nous ne subissons aucune contrainte. Soyez un peu plus prudent la prochaine fois avant de faire des promesses dans un élan de votre bon cœur !" (Ordure de molesteur d'enfants, j'ajoutais mentalement.)

"Alors, ça c'est promis. Mais aurai-je de vos nouvelles une autre fois ?"

"Non, plus jamais. Je viens de jeter votre adresse dans la corbeille sous mon bureau. Adieu !"

Le mercredi, à cinq heures du matin, le taxi attendait déjà à l'entrée de l'hôtel pour m'emmener à l'aéroport, vers la Gambia.

Lisez la suite dans "Un de ces garçons de la plage, Part 2"

© Author and Freya Communications Inc.

###

Popular Blogs From MenOnTheNet.com

Please support our sponsors to keep MenOnTheNet.com free.

29 Gay Erotic Stories from Paul Moran

A Beach Boy, Part 1

There is easy money to make with white tourists. But who wins, who loses? A Beach-Boy Part 1 As a country, The Gambia is a strange entity. The surface is 11.400 km², roughly the size of Jamaica, and it had just 490.000 inhabitants in that year, 1978. It is one of the world's rather unknown countries. Situated on both banks of River Gambia, it stretches from the

A Beach Boy, Part 2

Continued from "A Beach Boy, Part 1" The first persons who greeted me on my arrival at the Fajara seaside resort were Diallo, the British looking watchman. And Stephen, as expected. Diallo laughed. "Since last Monday, he be here at arrival of every airport shuttle." Stephen was very cool. "How do you do, Sir? How is your family? How is your wife, how are your children?" And so it went

Deaf-Mute!

Tunis 1983 In all of North Africa, Tunis is certainly the best and the friendliest place for the gay traveler: the people, the sand strands, and that delicious cuisine. Think of the briqs for instance. Not so risky as certain other North African countries if you are prudent and circumspect. The men are friendly and not aggressive; the police have an eye on the security of the

Der Besuch von Kamel

Der Besuch von Kamel by Paul Moran 1961 In meinem ersten Studienjahr in Frankreich hatte ich ein Zimmer in einem Badeort unweit der Stadt; den Besitzern der Ferienhäuser war es recht, wenn diese außerhalb der vier Sommermonate bewohnt waren, und so lagen die Mieten niedrig. Wenn man jedoch nachts den letzten Triebwagen versäumt hatte, musste man die 12 km zu Fuß traben. Gegen

Der Besuch von Kamel

Der Besuch von Kamel 1961 In meinem ersten Studienjahr in Frankreich hatte ich ein Zimmer in einem Badeort unweit der Stadt; den Besitzern der Ferienhäuser war es recht, wenn diese auöerhalb der vier Sommermonate bewohnt waren, und so lagen die Mieten niedrig. Wenn man jedoch nachts den letzten Triebwagen versäumt hatte, musste man die 12 km zu Fuö traben. Gegen Semesterende lieö mich

Die Ehre der Familie

By Paul Moran For Eric Brown February 17, 2003 Ein tüchtiger Werksleiter macht eine entsetzliche Entdeckung und wirft den schwulen Sohn aus dem Hau, hinaus in die stürmische Nacht. Gottseidank leben wir im XXI. Jahrhundert. Die Ehre der Familie 2001 Der Spätabend war sehr schwül geworden, die Schwalben flogen tief durch den Hof. Nach Eintritt der

Die Nacht der Marokkaner

Paris 1954 Man stellt es sich nicht vor, man sieht es nicht, dass man schon lange nicht mehr dazu gehört, höchstens an den Blicken der Teenager vor der Disco oder auf dem Wackel nachts im Park. Dabei sind die Empfindungen beim Eintritt in die Welt des Sex wie eh präsent, die rasend geflüsterten Worte, die Gerüche der Städte und der Körper, die Erinnerungen des Tastsinns.

Friendly GIs

Imagine South Germany after WW II. In 1955, the war had been over for a long time; we lived in an entirely new world, a world guided by American humanism. Our government and public institutions were citizen-friendly; we had a strong - yet scarce - new currency, new fashions in dress and music: Jazz, and names like Rock Around The Clock, Shake Rattle 'n Roll, See You Later Alligator,

Gentils Yankees

Gentils Yankees By Paul Moran January 15, 2002 Il faut se représenter l'après-guerre en Allemagne du Sud. En 1955, les jeunes avaient déjà oublié le cauchemar de la guerre et du régime terroriste qui l'avait déclenchée. Nous vivions dans un monde nouveau, imprégné d'humanisme américain, dirigé par un gouvernement et des institutions soucieux de la dignité et du bien-être des citoyens, il y

Hustler's Honor

West Africa 1980 Are prostitutes any less worthy of respect than anyone else? If you hire a boy for services settled in advance and for a sometimes heavily negotiated salary, are you free to treat him as a heap of shit just because you think he performs a dirty and disgusting job while satisfying your sexual desires? Logically, you are as dirty and disgusting as he is, if ever. Of

Kalle

By Paul MoranFor Eric BrownIn the middle of the school year, a new student entered one of the lower grades of our Gymnasium, a rather short gipsy-like boy with a lovely golden tan, glossy black curls, fun loving brown eyes and an infectious smile. With that, he had a broad Austrian accent, which had a very seducing effect in the years after the War, when the Vienna musical

Kamel

1961 During my first academic year in France, I had a room in a small village outside the city. One night, when I had missed the last autorail going there, I had to walk for 12 kilometers. At the end of the second semester, a German student, Werner, informed me that he was coming to the end of his stay in France and that his room, situated in the old center of the city, would

L'honneur au tapin

L'honneur au tapin By Paul Moran January 15, 2002 1984 Est-ce que les travailleurs du sexe ont un honneur ? Si tu loues un garçon pour des services définis d'avance et pour une somme convenue (et des fois âprement marchandée), est-ce que tu peux le traiter comme une ordure, tout simplement parce tu penses qu'en te faisant jouir selon tes fantasmes, il fait quelque chose de sale, d'immonde

L'honneur des Vilalonga

L'honneur des Vilalonga By Paul Moran For Eric Brown March 14, 2002 Un brave homme de chef d'atelier découvre, épouvanté, que son fils est pédé et le jette dehors, dans la nuit et la tempète. Heureusement, nous vivons au XXIe siècle. L'honneur des Vilalonga 2001 L'après-midi avait été lourd et oppressant, et vers le soir, les hirondelles volaient à

La nuit des Marocains

La nuit des Marocains By Paul Moran January 15, 2002 Un beau soir l'avenir s'appelle le passé, C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse. - Louis Aragon La nuit des Marocains 1954 On ne se rend pas compte, on ne voit pas qu'on ne fait plus partie depuis longtemps de la bande, seul le regard froid des jeunes devant la discothèque et l'aversion affichée des dragueurs

La visite de Kamel

La visite de Kamel By Paul Moran January 15, 2002 1960 Au cours de ma premiêre année d'études, j'avais une chambre dans un village proche de la ville. Quand on avait manqué la derniêre micheline du soir, il fallait se taper 12 kilomêtres à pied. A la fin de l'année universitaire, Werner, un camarade allemand, m'apprit qu'il allait rentrer au pays et que sa chambre, dans une maison au centre

Little Mussa

West Africa 1980 During my business trips in West Africa, I always tried to arrange a stopover in Dakar in order to spend two or three nights there. I am so fond of the swinging atmosphere in the streets, the guttural language, the majestic robes of the ladies, the scents of the African incense mixtures, the delicious cuisine and, most of all, of my Senegalese friends. I know why.

Martial

Late afternoon had been very oppressive, and the swallows had been shooting low across the courtyard. After the fall of night, a heavy rainstorm had burst out and raced now over the country. An insufficiently fixed shutter was banging against a window frame, and the rain slapped against doors and windows. On such an evening, I really appreciate a good chimney fire with dry vine wood,

Moroccan Night

DONE. eb Moroccan night Paris 1954 You don't feel old; others define you as such. You only see it in the eyes of the teenagers at the entrance of the disco or when you are cruising the park by night and they go away after a close, cold look. Nevertheless, the night when the gate of sexual delight opened is present as if it were yesterday, with all the odours, the crazy whispered

Moussa will es wissen

Dakar 1980 Bei Geschäftsreisen in Westafrika richtete ich es immer so ein, dass ich in Dakar Zwischenstation machte und eine oder zwei Nächte dort übernachten konnte. Ich bin verliebt in die Stimmung auf den Straßen, die rauhe Sprache, die prächtigen Gewänder der Damen, die Düfte der afrikanischen Weihrauchmischungen, die Küche und vor allem in meine Freunde, ich weiß warum. In

Nette Amis

Wer erinnert sich noch an die Nachkriegszeit in Süddeutschland ? 1955 war der Krieg schon lange vorbei, die Menschen – keine Volksgenossen mehr - lebten in einer von Grund auf neuen, von amerikanischem Humanismus geprägten Welt mit einer bürgerfreundlichen Regierung und ebensolchen öffentlichen Einrichtungen, mit einer starken, wenn auch noch spärlichen Währung, neuen Moden in Kleidung

Nur ein Beachboy, Part 1

Mit den weißen Touristen ist leicht Geld zu machen. Aber wer gewinnt ? Wer verliert ? Nur ein Beachboy Teil 1 Als Land ist Gambia ein eigenartiges Gebilde; es erstreckt sich vom Atlantik auf beiden Ufern des Gambiastroms 470 km landeinwärts, ist aber an der engsten Stelle nur 24 km breit, und die Küstenlinie im Westen beträgt gerade 80 km. Mit einer Oberfläche von

Nur ein Beachboy, Part 2

Nur ein Beachboy, Teil 2 Die ersten Personen, die mich bei der Ankunft im Strandhotel von Fajara begrùöten, waren Diallo, der britisch ausgerùstete Nachtwächter. Und Stephen, wie zu erwarten. Diallo lachte heraus: "Seit Montag ist der hier bei jedem Bus vom Flughafen." Stephen gab sich sehr cool: "Guten Abend, Sir. Wie geht es Ihnen ? Wie geht es Ihrer Familie, wie geht es Ihrer

Petit Moussa

Petit Moussa By Paul Moran January 15, 2002 1980 Au cours de mes missions en Afrique occidentale, je m'arrangeais toujours pour faire escale à Dakar afin d'y passer deux ou trois nuits. J'aimais l'air de la ville, l'ambiance du Centre, le port altier et les magnifiques robes des dames, les effluves des épices et encens venant de large du continent, les snacks de chawarma, les bars

Sourds-muets !

Sourds-muets ! by Paul Moran January 15, 2002 1990 En Afrique du Nord, c'est Tunis et la Tunisie qui sont de loin le meilleur endroit et le plus aimable. Les hommes, les plages, et cette cuisine ! Rien qu'à penser aux briqs... Si on fait un peu attention, la drague est moins risquée que dans d'autres pays d'Afroque du Nord. Les hommes ne sont pas agressifs, ils sourient, et la police

Stricherehre

West Africa 1980 Haben Sexarbeiter eine Ehre ? Wenn du einen Jungen mietest für zuvor ausgemachte Dienstleistungen und für einen, manchmal hartnäckig ausgehandelten Preis, kannst du ihn dann wie Dreck behandeln, nur weil du meinst, dass er etwas Schmutziges, Ekelerregendes tut, wenn er dich nach deinen Wünschen sexuell befriedigt ? Logischerweise bist du genau so schmutzig und

Taubstumm!

Tunis 1985 Tunis ist der beste und der freundlichste Ort in Nordafrika. Die Menschen, die Strände, die Küche, man denke an die briqs ! Nur eines - man muss Französisch sprechen. Dann hat man die Auswahl. Mit Englisch hat man nur den Hotelportier, und ob der gerade mögig ist ... Tunesien ist nicht so riskant wie gewisse andere Länder in Nordafrika, wenn man aufpasst. Die Männer

Un de ces garçons de la plage, Part 1

June 5, 2002 L'argent est facile avec les touristes blancs - mais qui gagne, qui perd ? Un de ces garçons de la plage Première Partie En tant que pays, la Gambie a une curieuse configuration. Elle s'étend de la côte atlantique sur les deux rives du Fleuve du même nom sur 470 km vers l'intérieur du continent ; la largeur est de 24 km à l'endroit le plus

Un de ces garçons de la plage, Part 2

June 5, 2002 Un de ces garçons de la plage Deuxiême Partie Les premiêres personnes qui me saluaient à mon arrivée à l'hótel de la plage de Fajara étaient Diallo, le Peulh habillé en flic anglais. Et Stephen comme il fallait s'y attendre. Diallo riait : "Depuis lundi, lui est là à l'arrivée chaque navette qui vient de l'aéroport." Stephen se donnait un air três

###

Web-02: vampire_2.0.3.07
_stories_story